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Adaptation - le mot clé du changement climatique


Mon travail me confronte régulièrement à la problématique du changement climatique dans le monde entier. Ce sujet, qui retient la plus grande attention en Europe actuellement, nous invite à suivre régulièrement des études et analyses plus ou moins pertinentes sur le sujet au niveau européen. Mais qu’en est-il ailleurs ? Prenons comme exemple le Moyen-Orient. Si le sujet des conditions de travail sur la hausse des températures nous a inquiétés lors de cette dernière saison, qu’en est-il des ouvriers des zones géographiques déjà confrontés à des températures au-dessus de la moyenne conseillée pour le maintien de l’activité ? En Italie, chaque année, ce sont 4 000 accidents de travail attribués aux conditions de grande chaleur. Sans surprise, les travailleurs en extérieur sont les premiers à subir l’impact des conditions climatiques extrêmes. La loi du soleil impose aux corps de s’arrêter, mais le travail n’est pas soumis à cette loi. Un passage aux Émirats, ou dans d’autres zones désertiques nous donnent un avant-goût de l’avenir de l’Europe. Un avenir que nous ne désirons pas, mais que nous bâtissons tous les jours en soumission à une mécanique économique et géopolitique dont il est difficile, voire impossible de s’extraire.


Au Qatar, zone désertique, les conditions sont déjà extrêmes et se dégradent rapidement. Les problèmes sociaux vécus là-bas et peu endigués sont des alertes majeures ; une véritable Red light de la réalité à éviter tant que possible. En 10 ans, le climat du pays s’est réchauffé deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale. En contrepartie, le pays, la zone géographique accuse l’un des plus forts taux de croissance mondiaux. La terre où tout prospère, oserais-je dire. Les profils professionnels sont les meilleurs, le niveau de vie largement aisé, l’exemplarité de confort, la sécurité qu’y en découle liée à une expatriation choisie, et très bien choisie, donne un confort de vie plus qu’agréable. Nous ne pouvons pas nier qu’il y fait bon vivre, mais à quel prix ? Sous quel coût humain, social et environnemental ? Les émirats sont à la pointe de la technologie. Une destination mondiale de la culture et du sport. L’ambition, la réussite sont dans l’air, à chaque coin de rue et dans chaque échange.


Le deal c’est de construire toujours plus vite, toujours plus haut, et cela dans des conditions extrêmes, souvent au détriment de la fatigue des salariés. Puisqu’on y observe que le travail s’effectue 7 jours sur 7, quelles que soient les conditions météorologiques et sans respect d’horaires précis. L’anglais en est presque devenu la langue officielle tant elle est pratiquée dans le monde du travail. Les locaux ne représentent que 15% de la population, pour le reste, ce sont des étrangers du monde entier. Certaines provenances géographiques sont plus ciblées selon les compétences : pour la main-d’œuvre ouvrière dans la construction (les indiens et Bangladesh), pour la banque et les affaires financières ( les européens).


Sur les nombreux chantiers, on observe de loin ces formes humaines dans les hauteurs des constructions, ce sont des corps évoluant sous la fournaise.


« On ne s’en plaint pas, c’est pire ailleurs », dixit un ouvrier Bangladesh.

Seul le versement d’un salaire ponctuel, voire anticipé leur permet de tolérer les traitements dégradants des employeurs, les conditions inhumaines des chantiers, l’éloignement douloureux des siens, et la distance parfois éprouvante entre les lieux de vies et les chantiers, à l’exception de la chaleur étouffante. Pour tous, c’est un défi de travailler dans cette zone géographique. Certains font part de difficultés respiratoires, de vertiges à répétition, de malaises. Certains reviennent dans leur pays d’origine avec de graves conséquences médicales comme des maladies chroniques qui leur sont parfois fatales.


L’impact de cette chaleur est difficilement mesurable à court terme sur le cerveau, par exemple une chute d’un immeuble est malheureusement assez courante sur un chantier, la raison reste pourtant encore obscure : est-ce lié à un accident à cause du vertige, à la difficulté à réfléchir… ? Les épidémiologistes commencent à alerter sur les conséquences du stress thermique sur les capacités neurologiques.


Le gouvernement du Qatar prenant en compte l’augmentation des températures a été novateur dans sa politique en interdisant le travail en été sur certaines plages horaires. Mesure forte, exemplaire, mais devant la fréquence journalière de ces températures, difficile de contrer ses effets néfastes. En Europe, et plus particulièrement en France, les études montrent une augmentation des vagues de chaleur 4 fois plus vite sur le vieux continent que dans le reste de l’hémisphère nord. Des hausses dangereuses pour les organismes qui ne sont pas acclimatés à ces hautes températures.


L’aménagement du travail est une nécessité :

· Commencer plus tôt, finir plus tôt,

· Rendre accessible l’accès à eau.

· Découper les journées selon les températures.


Légalement, en France, aucune loi n’impose l’interruption des travaux selon la météo. Donc, tout est soumis au bon sens des chefs de chantiers et des entreprises. Nous commençons à peine à estimer les dégâts de la chaleur sur la vie des salariés. Il est extrêmement difficile de sortir des données précises sur l’impact de la chaleur sur la santé de l’homme, mais différentes recherches nous démontrent une corrélation étroite entre la chaleur et les maladies cardiaques, rénales et hormonales.


Différentes sociétés, dans une logique d’anticipation, mettent en place des mesures afin d’améliorer la vie de leurs salariés. Mais ne serait-il pas plus prudent de considérer que notre mode de vie, notre modèle économique, nos choix sociétaux sont la cause de la hausse accrue des températures ?


En effet, les entreprises de toute taille sont en grande partie responsables dans l’impact du changement climatique, je prêche bien souvent l’importance de l’implication des PME comme moteur de changement. Mais il est vrai que la société doit prendre conscience de la gravité du problème : nous à genoux devant les énergies fossiles et cela est de la responsabilité de tous sans ignorer le poids des entreprises et même des PME.


Des questions simples comme :

Combien de fois avez-vous rechargé votre portable ?

Quelle est sa réelle utilisation ?

Quelles applications sont indispensables et d’autres optionnelles afin de baisser la consommation individuelle ?

La liste est exhaustive, mais demande surtout un début de prise de conscience malheureusement encore loin de la portée volontaire de tous.


Le réchauffement climatique nous fait perdre près de 2 mille milliards de $ chaque année et ces chiffres tendent à doubler d’ici à 2050.


Si certaines entreprises cherchent déjà à s’adapter, la plupart restent sourdes aux conditions de travail des salariés, ce qui entraîne des conséquences majeures sur l’économie mondiale et sur les comptes publics.

Malade = coût pour l’État.

Malade = perte de salarié

Perte de salarié = déséquilibre sur la productivité globale de l’entreprise, donc perte de bénéfice ce qui est préjudiciable pour l’entreprise et pour l’État en général qui dépend de la « croissance » des entreprises.


Les études prouvent que si le réchauffement climatique continue à progresser à cette vitesse d’ici à la fin du siècle, ce sont 15% des heures de travail qui seront irréalisables. Des données comme celles-ci devront être prises en compte sérieusement par les entreprises qui devront déjà intégrer le réchauffement climatique et la qualité de vie des salariés dans leur plan stratégique – pour la survie de leurs activités. Nous sommes pourtant loin de la mise en place des actions qui tendent à baisser le réchauffement climatique. Nous devons nous confronter au fait que la terre se réchauffe de plus en plus vite et que nous devrons en urgence nous adapter à ce changement dans une vision pragmatique qui définira la stratégie pour répondre aux enjeux économiques et financiers ainsi que la dimension opérationnelle dans un monde en ébullition. Les salariés sont et portent la productivité d’une activité. Leurs conditions de travail devront être considérées comme prioritaires pour l’économie mondiale.

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