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Alimentation - Justice climatique et sociale

Dernière mise à jour : 20 sept. 2023

Mots-clés : PME, COP28, justice climatique, mobilisations, injustices, relations nature-société, éthique, négociations climatiques, redistribution, transition socio-écologique, justice sociale

Keywords: climate justice, mobilizations, injustices, nature-society relations, ethic, climate negotiations, redistribution, socio-ecological transition, social justice

"Le concept de justice climatique à l’origine conçue dans un sens distributif est amené à évoluer compte tenu des injustices sociales et environnementales multipliées par le changement climatique. Comment saisir les évolutions de cette notion ? En quoi les approches de la justice environnementale et les analyses des mobilisations citoyennes nous aident à en cerner les contours ? Comment le changement climatique accroît ces inégalités ? "

La justice climatique est une notion qui insiste sur le fait que les pays et les peuples qui ont le moins contribué historiquement au changement climatique sont ceux qui en subissent le plus les impacts et ont moins la possibilité de s’en protéger ou de s’y adapter. En 2000, les États-Unis sont responsables de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, alors qu’ils ne représentent que 4 % de la population mondiale ; 136 pays en développement ne contribuent qu’à 24 % de ces émissions, tandis qu’ils subissent 97 % des catastrophes naturelles liées au changement climatique (Parks et Roberts, 2007, p. 10). La notion de justice climatique met également l’accent sur les différences de vulnérabilités et d’exposition aux risques climatiques résultant des facteurs non liés au climat et d’inégalités aux dimensions multiples. Les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, 2014) et du Conseil économique, social et environnemental (Jouzel et Michelot, 2016) précisent que les populations marginalisées sur les plans social, économique, culturel, politique, institutionnel […] sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques.


La notion de justice véhiculée dans les accords internationaux sur le climat est essentiellement appréhendée sous l’angle de la justice distributive. Depuis le sommet de Rio (1992), un certain nombre de principes ont été établis pour tenir compte des « responsabilités communes, mais différenciées » des différents pays dans leur contribution au changement climatique. Ces principes ont évolué au grés des rapports géopolitiques, des relations diplomatiques entre États-nations, et de l’influence grandissante de nouveaux acteurs dans les régimes de négociations climatiques (Aykut et Dahan, 2014) : groupements des pays en développement, alliance des petits pays insulaires et implication des organisations non gouvernementales (ONG).


Face aux difficultés rencontrées dans la réalisation des arbitrages liées à la mauvaise performance de certains États, les tenants de la justice distributive ont cherché à relier les responsabilités causales de contribution au changement climatique, aux responsabilités morales de compensation et de réparation, selon les capacités respectives de chacun. Toutefois, d’un point de vue rétrospectif, on peut mettre en doute que les seules responsabilités à prendre en compte soient celles relatives aux émissions, laissant de côté les autres responsabilités historiques (Larrère, 2015). S’il s’avère difficile de dire qui est responsable de quoi, en raison des multiples interactions entre les activités humaines, la biosphère et les écosystèmes, il peut être plus judicieux de se demander qui porte préjudice à quoi, et notamment qui nuit aux possibilités de coexistence des sociétés humaines et de leurs milieux écologiques (Jamieson, 2010). N’oublions pas de considérer la dépendance progressive des plus pauvres aux modes de production économique, agricole et urbaine et aux usages de la nature des puissances dominantes.

De façon prospective, la responsabilité est liée à l’engagement des différents pays à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique. Ce qui importe, c’est « qui peut agir sur quoi » pour remédier au changement climatique et à ses conséquences (Néron, 2012) alors que nous savons à ce jour que tout le monde peut agir à son échèlle sur le changement climatique et que les gestes du quotidien ont un impact important sur la qualité de l’air par exemple ( confinement - crise Covid par exemple).


Ces débats sur la responsabilité ont irrigué les milieux académiques comme les conférences des parties (COP) qui mettent l’accent sur la responsabilité de chacun, en y incluant les entreprises et la part des civils. Cette lecture des apports de la justice environnementale permet de combler l’insuffisante prise en considération des interactions qui s’établissent entre les dimensions sociales et environnementales, locales et globales du changement climatique, et les défis démocratiques qu’il soulève. Jusqu’à quel point faut-il imposer l’action ? À qui ? Quand ? Sur quelles mesures ? A propos de la RSE par exemple, les PME ne se sentent pas concernées par le sujet, et quand c’est le cas, les démarches dites « trop contraignantes » sont vues comme inaccessibles financièrement et humainement.


Factuel : les liens entre inégalités sociales et inégalités environnementales s’établissent de façon dynamique. Le changement environnemental et climatique affecte les plus pauvres et les appauvrit davantage. Comme les revenus des populations les plus pauvres sont liés à l’agriculture qui sera bouleversée par le changement climatique, du fait de la sécheresse et des évènements extrêmes, ces populations vont davantage s’appauvrir – ce qu’est déjà le cas et la tendance tend à s'accroître.


Le changement climatique aura également pour conséquence d’augmenter les maladies (diarrhées, maladies bactériennes, virales, etc). D’après un rapport de l’Organisation mondiale de la santé publié en 2014, d’ici 2030, 7,5 millions d'enfants de moins de 15 ans connaîtront la famine à cause du changement climatique (Hales et al., 2014). Ces données sont de 2014 ; en état de lieu – à ce jour, en 2023 :


La faim touche un humain sur 11 dans le monde

Un peu plus de 9,2 % de la population mondiale est touchée par la faim chronique, soit plus de 122 millions de personnes en plus par rapport à la situation en 2019. Le chiffre est stable ( 22 aôut 2023), toutefois, l’objectif initiale de l’ONU lors du plan 2030 était d’éradiquer la faim dans le monde à l'horizon 2030, ce que nous savons déjà impossible. Dans certaines régions du monde, la faim recule comme en Asie et en Amérique latine, alors qu’elle progresse en Asie occidentale, dans les Caraïbes et en Afrique. L’Afrique reste d’ailleurs le continent le plus touché par la faim, avec une personne sur 5 concernée, soit deux fois plus qu’au niveau mondial. En cette année 2023, où la Somalie, le Kenya et l’Éthiopie connaissent la pire sécheresse depuis 40 ans, plus de 23 millions de personnes sont exposées à une grave famine.


La faim dans le monde, frappe en particulier les enfants et les femmes. Les chiffres de malnutrition sont :

  • 22,3 % souffrent d’un retard de croissance ;

  • 6,8 % souffrent d’émaciation (maigreur extrême) ;

  • 5,6 % sont en surpoids.

L’élargissement des problématiques de la justice environnementale a donné lieu au courant de « l’écologisme des pauvres ». Ce terme est utilisé pour définir les préoccupations des communautés locales de ne pas voir sacrifier leurs terres (les milieux de vie, les écosystèmes, la biodiversité…) au profit des activités économiques fondées sur la préemption ou la détérioration des ressources locales. Cet écologisme s’est particulièrement développé en Amérique du Sud en opposition aux élites dirigeantes qui ont majoritairement privilégié un développement tiré par les exportations et l’ont confié à des acteurs économiques internationaux au détriment de la pérennité des milieux écologiques et des possibilités de subsistance des communautés locales. L’économie plus globalisée s’est accompagnée d’un transfert d’une partie des émissions et des coûts sociaux d’adaptation vers les pays du Sud. L’écologisme des pauvres montre comment les styles de vie consuméristes des plus riches préemptent des ressources des pays du Sud par un échange inégal sans compensation des coûts écologiques et sociaux (Martinez-Alier, 2014).

Les dimensions sociales et politiques du changement climatique peuvent être analysées à plusieurs niveaux : celui des synergies entre changements environnementaux de long terme et catastrophes sociales qui en résultent, de l’insuffisante clairvoyance des États et des collectivités territoriales à l’égard de ces injustices socio-environnementales, d’un manque de réflexivité sur l’impasse des logiques redistributives associées aux politiques climatiques et leur possible renouvellement.


Enfin, la notion de justice climatique envisagée sous l’angle distributif a été traduite dans les engagements de répartition des émissions de gaz à effet de serre selon les pays et les acteurs concernés, et les mesures de compensation négociées dans les accords internationaux sur le climat. Cependant, les manières de penser la redistribution sont amenées à évoluer par la prise en considération des injustices liées au changement climatique. Ces injustices sont plus complexes que les seules inégalités d’émissions et de vulnérabilité aux impacts du changement climatique. L’analyse des multiples facettes des injustices conduit à renouveler la notion de justice climatique et les réponses politiques qui y sont apportées.


De façon générique, ces injustices sont liées au fait que des groupes et des communautés sont subordonnés aux transformations des milieux, aux trajectoires économiques et politiques suivies, sans qu’ils aient la possibilité de dénoncer les atteintes portées à leurs milieux et conditions de vie, une sorte d’ignorance que les empêche de pouvoir défendre les valeurs et compétences les aidant à recomposer leurs modes de vie. Depuis 2015, l’analyse des mobilisations révèle un changement de perspective dû à la prise de conscience de l’urgence climatique. Mais ne serait-il pas insuffisant, voire déjà trop tard, devant l’ampleur du problème ?


Depuis 2015, l’analyse des mobilisations révèle un changement de perspective dû à la prise de conscience de l’urgence climatique. Ces coalitions mettent en cause l’inaction des États et l’inadéquation des politiques d’atténuation et d’adaptation aux injustices vécues et subies. Ce recadrage contribue à reformuler les manières d’articuler la justice sociale à la justice climatique en interrogeant les injustices générées par les changements du climat, mais aussi les politiques climatiques qui ne sont pas assez sévères. Nous nous plions à la mobilisation du citoyen et de l’entrepreneuriat qui en cas de mobilisation gagne des parts de marché par une reconnaissance du citoyen (client et consommateur – demandeur des démarches et actions à impact). Sans déconsidérer le sujet de recrutement, une posture exemplaire sur le climat et la santé des salariés est un argument de recrutement devenu majeur et un critère de décision pour les bons profils.




Sources :

Justice climatique et mobilisations environnementales (lien)

Les nouveaux chantiers de la justice environnementale (lien)

Les causes du changement climatique (lien)

Les effets du réchauffement climatique sur la santé (lien)

Les conséquences des activités économiques - Quelles activités génèrent le plus de pression et quelles en sont les conséquences sur l'environnement ? (lien)

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