top of page
Rechercher
agardbusiness

Les athlètes de la vie - Paralympiques

L'inclusion paralympique : un miroir de notre société

Source : lOpen source Pexels par Roch Lach


Nous sommes en 1992, à Barcelone, je me trouvais devant la télévision aux côtés de mon père, comme d’habitude. Curieuse, je lui posai cette question :

-"Papa, pourquoi les Jeux Paralympiques ne se déroulent-ils pas en même temps que les Jeux Olympiques ? N'est-ce pas la même chose ?"


Mon père, sans dire un mot, resta pensif. Des années plus tard, en abordant à nouveau le sujet, il osa, avec la maturité qu'il me prêtait alors, évoquer le cynisme des comités d’organisation, soulignant ainsi un reflet plus large de la société, qui tend à dévaloriser l’intégrité des personnes souffrant d’une déficience.


Ce qui me dérange profondément dans cette question ? C’est qu’elle évoque un combat similaire à celui des femmes pour leur place dans la société, mais ici, avec des organes en moins. Ce parallèle est dur, je le sais, mais il n’est pas plus violent que la réalité que nous vivons. Que deviendrait Léon Marchand après un accident cérébral ? Ou Florent Manaudou après un accident de voiture ? Ce type de drame peut arriver à chacun de nous ; il fait déjà partie de la vie de 18 % des Français, soit 12 millions de personnes. C’est l’équivalent de 150 stades de France bondés. On parle de minorités, mais...


La séparation des Jeux Olympiques et Paralympiques est souvent justifiée par des défis logistiques et organisationnels réels et complexes. Cependant, bien que compréhensible sous certains aspects, cette distinction soulève des questions sur la manière dont nous pourrions mieux intégrer ces événements pour renforcer l'inclusion. On pourrait presque comprendre cela, mais alors comment expliquer des cérémonies d'ouverture distinctes, au-delà des dates différentes ?


Les excuses diplomatiques avancées sont les suivantes :

1. Logistique et organisation : Organiser les deux événements simultanément nécessiterait des infrastructures gigantesques pour gérer les athlètes, les spectateurs, les médias, et l'accueil. Les villes hôtes auraient à relever un défi logistique considérable.

2. Visibilité médiatique : En séparant les Jeux Olympiques et Paralympiques, chaque événement bénéficie d'une couverture médiatique dédiée, permettant ainsi de mettre en lumière les performances des athlètes paralympiques, qui pourraient autrement être éclipsées par les Jeux Olympiques.

3. Valeurs et reconnaissance : Organiser les Jeux Paralympiques après les Jeux Olympiques souligne l'importance et la reconnaissance du sport paralympique comme un événement de grande envergure, avec sa propre identité et son propre public.


Bien que des efforts notables aient été faits pour intégrer davantage les personnes handicapées, comme la présence de bénévoles en fauteuil roulant lors de cérémonies officielles, il reste encore un long chemin à parcourir pour que l'inclusion devienne une réalité pleine et entière. Mais où est cette inclusion véritable ? Où se cache-t-elle ? C’est une question que chacun de nous devrait se poser sérieusement, car nous ne sommes ni surhumains ni invincibles.


Et pourtant, le droit à l'égalité est protégé par la Constitution française, dans ce pays des droits de l'homme. Le droit à l'égalité des personnes handicapées est garanti par plusieurs textes, dont la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, qui vise à l'égalité des droits et des chances, à la participation et à la citoyenneté des personnes handicapées.


Cette loi impose des obligations en matière d'accessibilité des bâtiments, des transports, et des services numériques, afin de garantir aux personnes handicapées l'accès aux mêmes services que les autres citoyens. Elle instaure également un droit à la compensation des conséquences du handicap, à travers des prestations, des aides techniques, et des aménagements spécifiques, complétés par un ensemble de dispositifs d’aide à la famille. Alors, où se situe le problème ?


Si nous sommes capables d’investir plus de 500 millions dans une cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, qu’est-ce qui nous empêche d’inclure les Jeux Paralympiques dans ces festivités ? Ne serions-nous pas tous, collectivement, responsables de cette distinction ? Dans quel déni nous réfugions-nous ?


De nombreux penseurs se sont penchés sur cette question : Freud, Lacan, Jung, et d'autres contemporains, sans pour autant apporter de réponses définitives. Le rejet des personnes handicapées par la société peut être analysé à travers plusieurs concepts psychanalytiques, s’enracinant dans les dynamiques de l’inconscient, les peurs profondes, et les mécanismes de défense que les individus et les sociétés mettent en place face à ce qui est perçu comme différent ou dérangeant.


Nous sommes tous, par nos peurs refoulées face à l'évidence de la mortalité, responsables de cette différenciation. Plutôt que de boycotter, nous devrions réfléchir ensemble à des moyens concrets pour réduire cette différenciation, en sensibilisant le public et en travaillant à des solutions inclusives pour l’avenir. Nous devrions tous nous interroger sur l'impact de ces distinctions, y compris celles symbolisées par des logos distincts, et travailler ensemble pour trouver des moyens de mieux intégrer et valoriser les Jeux Paralympiques, afin que les progrès réalisés se poursuivent et s’amplifient.


On parlera d’égalité sociale le jour où ces combats n’auront plus lieu d’être. La société aura changé le jour où je serai capable de m’interroger sur mes propres limitations pour valoriser celles des autres, lorsque les différences ne seront plus perçues comme telles, car nous sommes tous égaux. À nos sportifs, j’adresse mon soutien inconditionnel pour leur dépassement exemplaire, leur performance, leur force, leur exemplarité. Et à nous, à notre société, j’adresse un appel à la réflexion et à l’action, afin que nous puissions, ensemble, bâtir un avenir où l'inclusion des personnes handicapées sera une réalité partagée et célébrée.

423 vues0 commentaire

Comments


bottom of page