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Les fonds d’investissement, des véritables moteurs du changement climatique

Mots clé: fond d'investissement, finance, épargne, changement climatique, environnement, biodiversité, économie du vivant


Le nombre de sociétés de gestion de portefeuille agréées en France fin 2021 progresse à nouveau significativement pour s’établir à 708 sociétés (+ 4,1% en un an, + 11,8% depuis fin 2018), la dynamique étant toujours et plus que jamais portée par le capital investissement.

Source : AMF



Le nombre de sociétés de gestion de portefeuille agréées en France s’est à nouveau fortement accru pour s’établir à 708 sociétés vivantes au 31 décembre 2021, à son plus haut niveau historique. Cette nouvelle augmentation s’explique principalement par le maintien d’une puissante dynamique d’agrément depuis 2018 conjugué à un niveau très faible des retraits d’agrément. Néanmoins, cette tendance a été freinée en 2022 avec un nombre de retraits d’agrément plus important, pour l’essentiel dû à des opérations de rapprochement, qu’elles soient ou non intragroupes. Le nombre de sociétés de gestion de portefeuille fin septembre 2022 s’élève également à 708.


La dynamique de création de l’industrie française se poursuit avec en moyenne près de 40 agréments par an depuis 10 ans. Cette tendance sur le long terme provient à la fois :


· D’un dynamisme du flux de projets entrepreneuriaux qui, après une année exceptionnelle en 2020, retrouve un niveau proche de la tendance historique, tout en restant supérieur en nombre aux projets portés par des groupes ;


· D’une permanence des dossiers liés au capital-investissement et à l’immobilier représentant à nouveau près des deux tiers des agréments délivrés (75% en 2021, 62% en 2019, 63% en 2018, 66% en 2017).


En revanche, ces chiffres sont-ils en accord avec le défi du siècle lié aux conséquences du changement climatique pour les pays du Sud et à l’impact économique du changement climatique en occident ? Avec le besoin d’une transformation tardive vers l’économie du vivant ?


Le secteur mondial des fonds d’investissement, qui pèse 50 000 milliards de dollars, peut jouer un rôle essentiel dans le financement de la transition vers une économie plus verte, et permettre d’éviter les effets les plus graves du changement climatique, comme le montrent les récentes analyses publiées dans le Rapport sur la stabilité financière dans le monde du FMI.


Selon Alfred Marshall « L’économique est une science de la vie, voisine de la biologie plutôt que de la mécanique. »


Telle semble être en effet l’évidence, puisque :

  • l’Homme, comme moyen, agent de décision et finalité, se retrouve à tous les niveaux de l’activité économique ;

  • Cette dernière se déroule dans un milieu vivant qu’elle transforme ;

  • Le calcul rationnel visant à tirer le maximum de satisfaction des provisions limitées de moyens dont disposent les hommes contribue à développer, à la fois, la quantité et la qualité de vie que peut porter le monde.


Sa logique ne semble pas différente que de celle du vivant.


Mais la vision tronquée liée aux calculs d’efficacité veut que l’on n’accorde de prix qu’à ce qui est rare et que l’on ne compte qu’à titre gracieux ce qui paraît surabondant. Dans la mesure où le capital, sous sa forme technique autant que financière, est apparu pendant longtemps comme le facteur limitant dont l’insuffisante accumulation entravait la production des biens ; dans la mesure également où la précarité des niveaux de vie conduisait à confondre le mieux-être des hommes avec l’accumulation de moyens matériels, cet impératif, parfaitement justifié au plan technique, conduisait à centrer le calcul sur la gestion des choses inanimées. Puis, selon un processus historique et pour des raisons dont il nous faudra rendre compte, l’objet central du calcul se confondant avec l’objectif ultime de ce dernier, la relation du moyen à la fin s’inversait et la logique des choses mortes devenait la loi suprême de l’économie.




Les fonds d’investissement durable sont indispensables pour un changement de modèle économique


La finance privée joue un rôle clé dans la compétitivité et la richesse d’un pays, car ses objectifs sont d’assurer une utilisation optimale des ressources et d’améliorer ainsi le bien-être de tous. Le financement d’une transition écologique socialement juste est donc un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés. Sur ce sujet, des modèles économiques comme celui de la BPI m’interpellent.


La BPI en chiffres publiés juste pour la dernière année d’activité, ce sont :

  • 17,32 Md€ de financement

  • 8,2Md€ de garantie

  • 4,47 Md€ de « finance d’innovation »

  • 32 Md€ de projets à l’international

  • 4,8Md€ d’investissements

  • 1026 entreprises – dites « accélérés »


Si ces chiffres dans le modèle de finance classique semblent remarquables, je me permets de poser la question, qu’en est-il des critères et des profils de ces sociétés financées par l’institution ?

Voilà toute la contradiction de nos modèles politiques et économiques. Comment parler de transition alors que nous parlons des chiffres croissants des entrepreneuriats pollueurs, impactant, et dans une échelle de 15 ans des modèles d’affaires menacés par le changement climatique, les évènements géopolitiques – soumis à une montée des violences et des conflits et qui sont une menace d’équilibre économique majeure ?


À ce jour, les conditions pour financer un projet auprès de la Bpifrance sont accessibles – une politique positive qui vise à dynamiser le marché entrepreneurial, à baisser le chômage, et à créer de la valeur. Au sujet de cette « valeur » que des questions se posent.


Parlons-nous des entreprises financées par la banque publique qui dureront encore combien de temps ? Des prévisionnels légendaires qui très rarement suivent une logique de marche (par manque de visibilité des marchés), sur des services, offres et créations de modèles qui ne répondent pas au défi du siècle.


Les fonds durables se distinguent des fonds ordinaires dans la mesure où leur recherche de rentabilité s’accompagne d’objectifs de durabilité. Au sein de cette vaste catégorie, certains fonds poursuivent des objectifs spécifiquement environnementaux, et une autre sous-catégorie se consacre explicitement à l’atténuation du changement climatique.


Le rôle positif de ces fonds est directement lié à leur capacité à influencer le secteur privé. La gérance, qui passe par des relations directes avec les entreprises et le vote par procuration, permet aux fonds d’investissement d’influer sur les pratiques des entreprises en matière de développement durable.


La dernière édition du Rapport sur la stabilité financière dans le monde montre que les fonds d’investissement ont de plus en plus recours au vote par procuration pour influer sur les décisions des entreprises en matière climatique. Les fonds d’investissement classiques ont voté pour près de 50 % des résolutions des actionnaires en faveur du climat en 2020, contre seulement 20 % en 2015. Les fonds durables ont fait encore mieux, en approuvant 60 % de ces résolutions, et les fonds environnementaux ont même approché les 70 %.

En outre, étant donné la popularité grandissante de l’investissement dans des fonds durables, les entreprises les mieux notées sur le plan de la durabilité ont davantage de capitaux à leur disposition, ce qui leur permet d’émettre davantage d’obligations et d’actions.


C’est un modèle qui devrait devenir la norme, mais cela n’est toujours pas suffisant.


Même s’il est de plus en plus courant que les stratégies d’investissement intègrent la dimension de la durabilité, les fonds durables ne forment pour le moment qu’une petite partie du paysage des fonds d’investissement. Fin 2020, les fonds étiquetés durables pesaient environ 3 600 milliards de dollars, soit seulement 7 % du secteur global des fonds d’investissement. Les fonds à vocation climatique, pour leur part, comptent pour à peine 130 milliards de dollars de ce total.


Il nous faut à tout prix stimuler la croissance des fonds durables et climatiques.


Dans ce contexte, nous devrons tout d’abord renforcer l’architecture mondiale d’information sur les questions climatiques (données, publication informations et classifications de la finance durable), à la fois pour les sociétés et pour les fonds d’investissement. Ainsi, une meilleure classification des fonds, reposant sur une compréhension et un usage uniforme des étiquettes et des taxonomies qui leur sont appliquées, permet de résumer la stratégie d’investissement d’un fonds précis ainsi que son approche d’ensemble en matière de relation avec les entreprises et de gérance climatique.


Le #FMI s’est associé à la Banque mondiale et à l’#OCDE dans le but de définir les principes de ces systèmes de classification, afin d’harmoniser les approches existantes et de favoriser la mise en place de marchés de la finance durable. D’un point de vue français et européen, étant tout à fait critique, ces critères semblent bien légers, mais n’oublions pas que l’Europe est largement en avance sur le sujet comparé à d’autres pays touchés par le FMI et l’OCDE qui n’ont pas la même vision du sujet. Ces critères devront donc concorder avec cet écart opérationnel majeur – ce manque de vision et surtout vers une performance verte et une économie du vivant.


Deuxièmement, il convient de mettre en œuvre une surveillance réglementaire adaptée pour empêcher l’écoblanchiment, pour veiller à ce que les étiquettes données aux fonds correspondent bien à leurs objectifs d’investissement. Cela permettra d’inspirer confiance aux marchés et de promouvoir davantage les flux de capitaux vers les fonds durables.


Troisièmement, une fois que ces éléments auront été mis en place, il importera de se doter d’outils (innovation responsable) permettant d’orienter l’épargne vers les fonds qui participent à la transition verte. Il serait possible, par exemple, d’accorder un traitement fiscal préférentiel aux produits d’épargne (retraite ou assurance-vie) proposés par les fonds climatiques, afin de compléter d’autres mesures d’atténuation du changement climatique, comme la mise en place de taxes sur le carbone. Mais pas seulement, sur le sujet, les entreprises ont aussi un rôle à jouer.


Prenons comme modèle #Veolia, qui suite au changement de sa direction, lance un plan d’actionnariat salarié ouvert à 180 000 salariés du groupe. Une action majeure considérant l’activité du groupe dans les zones géographiques comme le Proche-Orient. Il est là l’impact, elle est là l’innovation, penser à l’entreprise/groupe dans la globalité de son impact – et surtout sur des zones géographiques avec une plus faible performance sociale et sociétaire.


Ces idées bien qu’attractives ne sont pas nouvelles – nous trouvons cette approche depuis les années 1976 avec Nicholas Georgescu-Roegen - un mathématicien et économiste hétérodoxe américain d’origine roumaine dont les travaux ont servi d’inspiration au mouvement de la décroissance et qui ont été largement suivis et prêchés par des économistes et des philosophes plus contemporains.



« La thermodynamique et la biologie sont les flambeaux indispensables pour éclairer le processus économique (…) la thermodynamique parce qu’elle nous démontre que les ressources naturelles s’épuisent irrévocablement, la biologie parce qu’elle nous révèle la vraie nature du processus économique »

Nicholas Georgescu-Roegen

The Entropy law and the Economic Process

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