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Que dire quand l’Amazone tarit ?

Dernière mise à jour : 28 oct. 2023


Crédit d'image : Pexels by Tom Fisk


Je suis née au bord de ce fleuve…


Sa taille immense, la puissance de ses couleurs, les mystères qu’il cache et qui nous donnent la sensation de petitesse m’ont toujours enchantée. En réalité, je suis une citadine. J’ai grandi à Manaus. J’ai beaucoup voyagé, dès l'enfance grâce au travail de mon père, puis plus tard pour les études et pour répondre à un profond besoin de découvrir l'autre. Lors du retour que chaque départ suppose, retrouver l’Amazonie me semblait un cadeau. Je me suis toujours sentie appartenir à cette zone géographique et soumise à une profonde obligation de la protéger. C’est au sein de cette forêt, son gigantisme qui nous impose le respect, que j’ai été élevée.


Aujourd'hui, l’Amazonie est confrontée à une sécheresse inédite. Son ampleur est telle qu’en entraînant le décès de nombreux organismes animaux et végétaux, elle menace la biodiversité. Elle n’est pas non plus sans conséquences sur les populations locales dispersées le long des rivières, les « ribeirinhos » : les lignes fluviales sont, pour ces communautés isolées, indispensables au transport des biens et des personnes. En temps normal, celles-ci subissent déjà des difficultés d’accès à l’éducation de base, mais aussi aux structures de soins et aux médicaments… À l’heure actuelle, puisque la navigation est perturbée sur 90% de ces lignes, celles-ci sont otages d’un approvisionnement aléatoire en combustibles, en nourriture, en eau potable... Mais ce sont également 20.000 enfants qui sont empêchés d’aller à l’école.


Je n’aurais pas cru, de mon vivant, être témoin de cette catastrophe.


La quasi-totalité de l'État d’Amazonas, où se situent les villes de Jurucua, Tefe et la capitale Manaus, a été placée en état d’alerte. Dans cette région vaste comme trois fois la France mais peuplée de seulement 4 millions d’habitants, la sécheresse impacterait déjà jusqu’à 500 000 personnes.Et au-delà de la réalité humaine, sociale, c’est toute l’économie du secteur qui est menacée. Autour de la zone franche de Manaus, historique centre industriel, le déficit hydrique affecte également les barrages hydroélectriques qui alimentent en courant l’ensemble du pays. C’est ainsi que sur de nombreux plans, la situation provoque une grande inquiétude.


En cherchant la cause de cette sécheresse, nous ne pouvons que soupçonner la désormais classique combinaison de facteurs humains qui impactent directement et indirectement l’équilibre de la nature : déforestation et dérèglement climatique.


Plusieurs mesures d’urgence ont été mises en place par un gouvernement qui, en l’occurrence, nous savons sincèrement engagé sur le sujet de la protection de l’Amazonie. Mais pouvons-nous croire que cela est suffisant lorsque, comme le constate la quasi-totalité de la communauté scientifique à travers de nombreuses publications, nous ne sommes qu’au début de ces épisodes météorologiques et que le pire est encore à venir ?


Préserver l’Amazonie est un enjeu majeur


80% des espèces terrestres de la planète trouvent refuge dans les forêts, tandis qu’un seul mètre carré de sol forestier renferme en moyenne pas moins de 1 000 espèces différentes d'invertébrés. Sur l’île indonésienne de Sumatra, 400 espèces inédites de plantes ont été recensées depuis 1995 et en Amazonie, une nouvelle espèce animale ou végétale est découverte tous les deux jours. Mais la biodiversité n’est pas le seul intérêt des forêts.


« La planète est en surchauffe, il faut d’urgence la mettre à l’ombre des arbres », alertait récemment Nathalie de Noblet, coordinatrice au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans la revue Science & Vie.


En effet, un arbre de 5 m3, ce qui correspond à un spécimen mature, est capable de stocker 5 tonnes de CO2 en moyenne au cours de sa vie. C’est l’équivalent de l’empreinte carbone, pour un passager, de cinq vols aller-retour Paris-New York. Les forêts du globe capturent ainsi chaque année près de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit 5 % des gaz à effet de serre émis à l’échelle mondiale. Les forêts jouent aussi un rôle de premier plan dans le remplacement des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz…) par celles issues de la biomasse (bois, biogaz…).


Par ailleurs, les forêts se dressent comme des remparts face aux risques naturels (avalanche, coulée de boue, érosion, inondation…), atténuant les dégâts provoqués par ceux-ci, et ce, même lorsque les catastrophes sont d’une ampleur extrême. Par exemple, une étude réalisée suite au tsunami de 2018 sur l’île de Palu, en Indonésie, a révélé qu’une mangrove de 50 à 70 mètres d’épaisseur avait permis de diminuer la hauteur de la vague meurtrière de 5 mètres à 1 mètre, épargnant ainsi les villages voisins. Cette barrière naturelle se révéla plus efficace qu’une digue artificielle.


En accord avec l’organisation Greenpeace, je pense qu’il existe 3 raisons évidentes qui plaident pour le déploiement d’une véritable protection de la forêt amazonienne :


1. L’Amazonie abrite une biodiversité exceptionnelle : plus de 427 espèces de mammifères, plus de 1290 espèces d’oiseaux et plus de 40 000 espèces végétales connues. Grâce à sa diversité d’habitats et de zones humides, le bassin amazonien abrite plusieurs espèces protégées, comme le jaguar, la loutre géante ou le dauphin rose de l’Amazone. Autant d’animaux à défendre, sans compter les centaines de milliers d’espèces encore inconnues ou non répertoriées.


2. La forêt amazonienne stocke entre 80 et 120 milliards de tonnes de carbone. Grâce à la photosynthèse, la forêt amazonienne séquestre et emmagasine dans sa biomasse (troncs, branches, feuilles, racines…) du carbone présent dans l’atmosphère. Elle joue donc un rôle essentiel dans la stabilisation du climat mondial. Ainsi, lorsque des parcelles amazoniennes sont détruites, le carbone qu’elles contenaient est rejeté dans l'atmosphère, contribuant donc à aggraver le changement climatique.


3. 23,5 millions de personnes, dont 340 000 autochtones, vivent en Amazonie brésilienne. Laisser libre cours à la déforestation pour répondre à l’avidité financière des industriels, c’est détruire le lieu de vie de l’équivalent d’un tiers de la population française. Les derniers chiffres, vertigineux, du déboisement et des incendies en Amazonie brésilienne témoignent de l’ampleur de l’écocide en cours. La politique de Jair Bolsonaro génère un sentiment d’impunité chez les exploitants forestiers qui accaparent et ravagent les terres des communautés locales en faisant preuve d’une violence inouïe.


Si les politiques publiques n’ont pas toujours été à la hauteur de l’enjeu global que représente la protection de la forêt amazonienne, nous avons tous, nous aussi, notre responsabilité à prendre, comme les petites entreprises ou les groupes internationaux, en tant que représentants de la société. Je mets régulièrement en avant la nécessité d’agir dans le champ des PME, cependant ici je souhaite mener la réflexion sur les gestes quotidiens qui peuvent entretenir un système délétère ou au contraire se révéler vertueux pour l’environnement.


Sur cette base, j’ai sélectionné 5 attitudes positives qui ont un fort impact dans le cadre de la protection de la forêt :


1. Diminuer sa consommation de viande

La majorité de la déforestation en Amazonie se fait au profit de la culture du soja, utilisé pour nourrir les animaux d’élevage qui se retrouvent dans nos assiettes. Faire le choix de stopper ou de diminuer sa consommation de viande, c'est ralentir cet impact négatif sur la planète. En outre, réduire la proportion de nourriture carnée a des effets positifs sur notre santé.


2. Dire non à l’huile de palme

Facile à fabriquer et bon marché, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance au cœur des forêts tropicales en Asie et en Amérique du Sud, qui sont défrichées et brûlées au profit de ces plantations. À nous de bien vérifier les étiquettes de nos produits industriels et de privilégier une alimentation “brute”, non transformée.


3. Acheter du bois local

Avant d’acheter un meuble, renseignez-vous sur sa provenance et privilégiez la proximité. Idem pour le papier. Plus un produit issu de l’arbre vient de loin, plus les conditions d’exploitation des forêts seront difficiles à garantir.


4. En parler = Éduquer

La sensibilisation est une forme d’action, d’éducation. Plus l’information est relayée, plus elle aura de chance d’arriver aux oreilles des gouvernements de chaque pays qui pourront ainsi prendre les mesures qui s’imposent.


5. Aider les ONG

Ils sont nos porte-parole et œuvrent de manière remarquable chaque jour pour la protection de l’environnement. Les aider, c’est faire entendre sa voix et chaque don, même minime, contribue à leur action, tout comme le fait de signer des pétitions. Greenpeace ou WWF sont les plus connues, mais vous pouvez aussi vous tourner vers Rainforest Alliance, Rainforest Action Network, ainsi que Rainforest Trust qui achète des parcelles de forêts vierges pour les sauvegarder.


À chacun d’agir en conséquence !


Sources :




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