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Vivre une vie étique au travail



Le dilemme du moral au travail reste un vaste sujet …

La plupart d’entre nous pensons être de bonnes personnes. Nous nous efforçons d’être éthiques et nourrissons l’espoir de nous montrer à la hauteur dans les moments cruciaux. Mais, quand il s’agit de bâtir une carrière éthique, les bonnes intentions ne suffisent plus.

Plusieurs décennies de recherches ont permis d’identifier des processus psychologiques et sociaux, ainsi que des biais qui troublent le jugement moral des gens, ce qui les pousse à aller à l’encontre de leurs propres valeurs et, souvent, à inventer après coup des raisons alambiquées pour expliquer leur attitude. Alors, comment pouvez-vous vous assurer de prendre les bonnes décisions dans votre vie professionnelle jour après jour, décennie après décennie ?


La première étape nécessite d’adopter un état d’esprit dans l’humilité morale. Le fait d’admettre que nous sommes tous capables de dériver si nous ne sommes pas vigilants est la base . L’humilité morale pousse les individus à reconnaître que les tentations, la complaisance envers soi-même et les circonstances peuvent conduire les meilleurs d’entre nous à mal se comporter, et elle les encourage à penser que l’éthique ne consiste pas seulement à éviter le mal, mais aussi à rechercher le bien. Elle les aide à voir cette sorte de développement personnel comme la quête de toute une vie.

Se préparer aux dilemmes éthiques est important, parce que les individus sont souvent bien conscients de ce qu’ils devraient faire quand ils pensent à l’avenir, mais ont tendance à se focaliser sur ce qu’ils veulent faire quand il s’agit du présent.

Cette tendance à surestimer la vertu de notre « moi futur » fait partie de ce que Ann Tenbrunsel, de l’université Notre-Dame, et ses collègues appellent le mirage éthique.


Afin de neutraliser ce biais, il faut d’abord comprendre vos forces et vos faiblesses :

- Quelles sont vos valeurs ?

- Quand risquez-vous le plus de les transgresser ?

Dans son livre « The Road to Character », David Brooks fait la distinction entre les vertus relevant du curriculum vitae (compétences, aptitudes et expériences que vous pouvez mettre sur votre CV, comme « J’ai fait augmenter le retour sur investissement de 10% sur un projet valant des millions de dollars ») et celles relevant de l’éloge funèbre (les choses pour lesquelles on vous encense après votre mort, comme le fait d’être un ami loyal, d’être aimant, ou d’être un travailleur acharné). Bien que les deux catégories puissent se chevaucher, les vertus du curriculum vitae ont souvent à voir avec ce que vous avez accompli pour vous-même, tandis que les vertus de l’éloge funèbre se réfèrent à la personne que vous êtes et à ce que vous avez accompli pour les autres ; c’est-à-dire votre image.

Alors, posez-vous la question : quelles vertus pour mon éloge funèbre suis-je en train d’essayer de développer ? Ou, comme Peter Drucker, le Maitre du management, l’a formulé, « Que voulez-vous que l’on retienne de vous ? » et « Que voulez-vous apporter ? »

Imaginer votre vie professionnelle comme une quête de contributions plutôt que comme une quête d’exploits peut modifier radicalement l’approche que vous avez de votre carrière. Et il est utile de réfléchir à ces questions assez tôt, avant que vous ne développiez des façons de penser, des habitudes et des routines dont vous aurez du mal à vous débarrasser.


Se fixer des objectifs peut aussi permettre de préparer le terrain pour adopter une attitude éthique. Les professionnels se fixent régulièrement des objectifs dans différents domaines de leur vie professionnelle et de leur vie privée, mais peu sont ceux qui pensent à aborder l’éthique de cette manière. Dans sa célèbre autobiographie, Benjamin Franklin (philosophe, physicien et homme d’Etat américain, NDLR) décrit les treize principes qu’il a identifiés comme étant essentiels à tenter de maîtriser pour, selon lui, mener une vie vertueuse (parmi lesquels l’assiduité, la justice et l’humilité). Il avait même créé un tableau dans lequel il notait ses progrès quotidiens.

La question maitresse est : en matière de vertus relevant de l’éloge funèbre, exigeants, mais réalisables ou places vous aujourd’hui et ou souhaitez-vous vous placer demain ?

Clayton Christensen, le maitre du management innovant de la Harvard Business School, défendait à peu près la même chose dans son article « A quelle aune mesurerez-vous votre vie ? ». Après s’est battu contre le cancer, Clayton Christensen qui nous a quitté le 23 janvier 2020 a décidé que le paramètre le plus important pour lui était « les vies individuelles que j’ai impactées ». Toutefois, même les objectifs les plus minutieusement élaborés ne restent que de bonnes intentions. Ils doivent être renforcés par des garde-fous personnels – c’est-à-dire des habitudes et des tendances connues pour faire ressortir ce qu’il y a de mieux chez chacun.

Par exemple : des études indiquent qu’un sommeil de qualité, la prière (pour les croyants) et la méditation peuvent aider les individus à gérer et à renforcer leur self-control et à résister à la tentation au travail.

La techinique du planning « si-alors », ce que le psychologue américain Peter Gollwitzer appelle intentions de mise en œuvre est très efficace. Elle vous permet de vous mettre en situation afin d’anticiper.

Des dizaines de recherches ont montré que cette pratique (« Si X se produit, alors je ferai Y ») peut s’avérer efficace pour changer les comportements individuels, surtout quand ces intentions sont formulées à haute voix. Elles peuvent être simples mais doivent aussi être précises, lier un signal dans des circonstances données (un déclencheur) au comportement que l’on veut adopter. Par exemple :

- Si mon supérieur me demande de faire quelque chose de potentiellement contraire à l’éthique, alors je me tournerai vers un ami ou un mentor extérieur à l’organisation pour obtenir un avis avant d’agir.

- Si on me propose un pot-de-vin, alors je consulterai l’équipe juridique de mon entreprise et la ligne de l’entreprise pour obtenir de l’aide.

- Si je suis témoin de harcèlement sexuel ou de comportements racistes, alors je défendrai immédiatement la victime.

Établir des plans si-alors adaptés à vos forces, à vos faiblesses, à vos valeurs et aux circonstances peut vous aider à éviter les écarts en matière de self-control ou l’inaction quand il est nécessaire d’agir. Mais assurez-vous de les établir avant de vous retrouver en situation ; se préparer est essentiel.

Un mentor peut aussi vous aider à éviter les faux pas éthiques. En tissant votre réseau professionnel et en construisant des relations avec des conseillers, ne recherchez pas uniquement les personnes qui peuvent vous faire grimper les échelons plus vite dans votre carrière ; réfléchissez aussi à celles qui seront capables de vous soutenir quand vous devrez faire des choix moraux. Créez du lien avec des personnes à l’intérieur et à l’extérieur de votre organisation dont les valeurs sont similaires aux vôtres et qui peuvent vous conseiller sur le plan éthique.


Une fois que vous avez pris l’engagement de vivre une vie éthique, ne vous privez pas de le dire aux gens. Personne n’aime les attitudes moralisatrices, mais l’envoi de signaux moraux subtils peut être utile, en particulier quand ils sont dirigés vers des collègues. Vous pouvez le faire en discutant ouvertement de dilemmes moraux potentiels et de la façon dont vous aimeriez réagir ou en faisant en sorte d’avoir la réputation de quelqu’un qui fait les choses correctement.


Les conversations directes peuvent être délicates, étant donné que les gens sont souvent réticents à discuter de problèmes éthiques. Mais, si vous pensez que c’est possible, nous vous recommandons d’impliquer vos collègues, parce que l’ambiguïté est le terreau des explications intéressées. Demandez avec tact à clarifier des questions et faites connaître vos attentes de façon explicite, par exemple : « Je pense qu’il est important que nous ne franchissions pas de lignes éthiques dans ce domaine. »

Nous sommes tous plus façonnés par notre environnement que nous le pensons, aussi est-il important de choisir un lieu de travail qui vous permettra, voire vous encouragera, à agir de manière éthique.


Il n’est guère étonnant de constater que les employés sentant que leurs besoins, leurs capacités et leurs valeurs correspondent bien à leur organisation ont tendance à être plus satisfaits et plus motivés que leurs collègues moins en phase, et sont plus performants.

Bien entendu, beaucoup de facteurs interviennent dans le choix d’un emploi ; mais, en général, on a tendance à trop mettre l’accent sur des paramètres traditionnels, comme le salaire et les possibilités de promotion, et à ne pas assez insister sur l’importance de l’adéquation morale avec l’entreprise. Les conclusions de nos travaux, comme d’autres, ont montré que le stress éthique est un indicateur fort de la fatigue des employés, d’une faible satisfaction au travail, d’une motivation en baisse et d’un turnover accru.


Certains secteurs d’activité semblent avoir des normes plus ou moins perméables aux comportements malhonnêtes. Dans une étude, quand on rappelait aux employés d’une grande banque internationale leur identité professionnelle, ils avaient tendance à tricher davantage, en moyenne, que leurs homologues non banquiers et recevant le même rappel. Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que tous les banquiers sont malhonnêtes ou que seules les personnes malhonnêtes devraient faire carrière dans la banque (même si cela souligne l’importance pour les banques de prioriser le recrutement d’employés moralement intègres).

Je suggère, en revanche, que toute personne débutant dans un nouvel emploi devrait se renseigner sur l’organisation et sur le secteur d’activité dans lequel il évolue, de manière à se préparer à des situations moralement compromettantes. Les entretiens d’embauche se concluent souvent par cette question posée au candidat : « Avez-vous des questions à me poser ? ». Il est possible de répondre : « Quels types de dilemmes éthiques suis-je susceptible de rencontrer dans ce travail ? » ou « Que fait l’entreprise pour promouvoir les conduites éthiques en milieu professionnel ? ».

"Imaginer votre vie professionnelle comme une quête de contributions plutôt que comme une quête d’exploits peut modifier radicalement l’approche que vous avez de votre carrière. "







Basée sur le travail de Isaac H. Smith - Professeur de comportement organisationnel et de ressources humaines à la Marriott School of Business de l’université Brigham Young.

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